mercredi 20 janvier 2016

La Librairie P. Desbois 15 Rue Laffitte à Paris Livres rares et curieux Belles reliures ... croquée à l'eau-forte par Albert Robida. Que sait-on de cette librairie et de ce libraire ? Enquêt live ...



Eau-forte originale signée Albert Robida, vers 1901

Dimensions : 18,8 x 14 cm - Papier d'Arches


Enquête live !

Que sait-on de la librairie ancienne P. Desbois à Paris, librairie pour laquelle l'artiste-illustrateur a gravé l'eau-forte photographiée ci-dessus pour le plaisir des Bibliomanes modernes ? Une première recherche nous met en présence d'un catalogue imprimé de livres anciens et modernes. Il porte le n°23 et date de janvier 1901. On rencontre également le n°24 qui date d'avril 1901. On en déduira donc que cette librairie éditait un catalogue par trimestre, soit quatre par an. Ce catalogue d'avril 1901 est intéressant car sur la couverture il porte la mention : Depuis le 15 janvier 1901, la librairie P. Desbois est transférée au 15 Rue Laffitte. Ainsi, l'eau-forte de Robida date très certainement de quelques jours à quelques mois après cette date. Cette gravure devant servir de carte de visite pour indiquer la nouvelle adresse aux clients et amateurs. Cette libraire s'installe donc près du Boulevard des Italiens. Cependant elle n'a pas bougé de beaucoup, puisqu'en octobre 1900 (catalogue n°20) elle était situé au n°7 de la même Rue Laffitte. Autant dire qu'elle n'a finalement bougé que de quelques dizaines de mètres et est même restée du même côté de la rue. Nous avons également retrouvé le catalogue n°15 de l'année 1899. Le n°8 qui date de la même année. Le n°7 date de 1898. Dans le Supplément à la Bibliographie de la France (feuilleton) de juillet 1898, nous trouvons une liste de livres que cette librairie recherche pour ses clients bibliophiles : Les débuts de César Borgia (Bibliophiles contemporains, 1890) ; Les Trophées de Hérédia (sur Chine) ; Jean Lorrain, Ma petite ville (sur Japon) ; Salammbô de Flaubert, édition originale brochée ; La Dame aux Camélias (édition Quantin) ; etc. Cela donne une idée des livres que cette librairie haut de gamme proposait à la vente. Nous ne trouvons rien pour ce libraire pour l'année 1897. On en déduira qu'il a dû commencer son activité dans le courant de l'année 1898 ou à la toute fin de l'année 1897.

Qui donc était ce P. Desbois libraire à Paris en cette toute fin de XIXe siècle ?

Nous avons retrouvé une veille famille de Desbois libraires au XVIIIe siècle. Ainsi Pierre-Jean Desbois était-il le fils de Nicolas Desbois, lui-même petit-fils par alliance de Nicolas de Fer et héritier d'une partie de son fonds. Nicolas Desbois meurt en 1749 et Pierre-Jean dix ans plus tard. Sa veuve vend son fonds de géographie à Desnos. Ce Desbois de 1898 est-il un lointain descendant de cette famille d'imprimeurs cartographes ? Nous ne savons pas. D'ailleurs de ce Desbois nous ne savons rien. En tant que bibliophile, nous ne l'avons jamais rencontré, et c'est une certitude qu'il n'aura pas marqué son temps tel un Morgand ou un Gougy. Pourtant, ses catalogues (que je ne possède pas) devaient être bien fournis. D'après cette seule gravure, nous savons qu'il a été en relation suffisamment intime et amicale avec Albert Robida pour lui demander ou qu'on lui offre cette belle estampe publicitaire. La découverte d'une facture permet de savoir son prénom : Paul. Paul Desbois ! voilà l'homme quasi cerné ! Son papier à en-tête porte : Livres rares et curieux, belles reliures. Tout est dit. Le 5 août 1898 il vend pour 5 francs avec rabais de 20% (déjà ...) au Comte Félix de Fayolle à Périgueux, un livre de John Grand-Carteret, La voiture de demain. Soit 4 francs facturés avec 75 centimes de frais de port. Reçu en octobre 1898 (sans commentaire) ... 5 francs du client (qui savaient vivre). Comme l'aurait écrit Serge Gainsbourg : Comment il vécu ? Comment il est mort ? ... nous ne savons toujours pas. Mais en fouillant ... en cherchant un peu, l'on finit par trouver sa fin. Paul Desbois meurt des suites d'une "cruelle maladie" le 22 février 1906 (Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire). Une date ! enfin. Le généalogiste-libraire se réveille ! On lit : "Monsieur Desbois n'était âgé que de 45 ans !" Il était donc né en 1861. Le bonhomme va finir par nous livrer son CV in extenso ! Travaillons-le encore un peu. Le problème c'est qu'il n'y a pas qu'un âne qui s'appelle Desbois ... et qu'il va falloir retrouver le bon ! Armons nous de persévérance et de patience ... Bon ! le problème c'est des Desbois il y en a moult ... pas facile de trouver le bon ! Au bout de quelques heures de recherches je dois me faire une raison : je ne retrouve pas la trace de ce Paul Desbois mort le 22 février 1906 vraisemblablement dans le IXe arrondissement de Paris. Il me faudrait demander l'acte de décès à la mairie de cet arrondissement pour avoir sans doute la clé de cette énigme bibliopolesque. Mais peut-être suis-je passé à côté de quelque chose quelque part. Quoi qu'il en soit, nous en savons déjà plus qu'au début de ces quelques lignes écrites "dans le feu de la recherche" (sans relecture). Je vous laisse le plaisir de poursuivre si cela excite votre fibre chercheuse. En attendant vous pouvez toujours admirer cette belle composition gravée à l'eau-forte par le maître tailleur de cuivre Albert Robida. Paul Desbois fut libraire de 1898 à 1906, à peine huit années durant lesquelles il proposa aux amateurs de beaux livres, de belles reliures. Courte carrière ! Mais on ne compte pas le mérite au nombre des années ... heureusement !

NDLR : nous avons trouvé trace d'une librairie de livres d'occasion (livres anciens) à Bordeaux, entre 1881 et 1885, elle a pour raison sociale : Librairie E. Desbois & Fils. Elle est située Rue Huguerie, 70, près la rue du Palais-Gallien. Y-a-t-il un lien entre ces Desbois de Bordeaux et Paul Desbois installé à Paris en 1898 ? Nous ne savons pas.

Bonne soirée,

Bertrand Bibliomane moderne

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