vendredi 27 février 2009

Bordel, Lupanar, Cabane de planches, Maison de plaisirs, Maison de tolérance, Hôtel borgne, Claque, Maison d’abattage, Foutoir, Boxon, Bobinard, Bouic


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Où : L’apologie des maisons de joie, par Bernard Mandeville

Toulouse-Lautrec-Au salon de la rue des Moulins, 1894, musée Toulouse-Lautrec


Bernard de Mandeville (1), est vraisemblablement né en Hollande en 1670 d’une famille qui serait d’origine française.

Les Mandeville sont une longue lignée de médecins. Son père était un médecin spécialisé dans les maladies nerveuses et avait une belle réputation à Amsterdam et à Rotterdam.

Il suit les cours de Bayle, alors que celui-ci est enseignant à l’école Erasme de Rotterdam, il étudie la philosophie et la médecine ; Mandeville pratique la médecine et se spécialise dans l’étude des maladies nerveuse et psychologiques. Il voyage en Europe, Paris, Rome, et en Angleterre où il finira sa vie.

Il règne alors à cette époque en Angleterre une tolérance religieuse, le premier quotidien fait son apparition “The Daily Courant”.

Il semble être arrivé en Angleterre un peu avant 1694 (un passeport lui fut délivré cette année là pour se rendre en Hollande). Il servit d’interprète en 1700 lors du divorce du duc de Norfolk, car le témoin principal de l’inconduite de la duchesse est une servante hollandaise qui ne sait pas l’anglais.

Mandeville a une très bonne maitrise de la langue anglaise. Son premier travail littéraire important est une traduction des fables de La Fontaine en 1703 (une première traduction avait eu lieu en 1693 par John Denis, mais sans en respecter l’esprit d’origine). Il en publie une nouvelle édition en 1704.

En 1705, commence l’aventure de la “Fable des Abeilles” : la Ruche mécontente ou les Coquins devenus honnêtes (2) ; une contrefaçon voit immédiatement le jour.

“C’est un discours qui décrit l’Angleterre prospère, monarchie limitée ; convoitise et vanité sont les ressorts de son opulence ; avocats, médecins, prêtres et ministres sont des imposteurs…” ; mais l’histoire de cet ouvrage, qui est son œuvre maitresse, ne commence vraiment que vers 1723.

Il aurait été l’auteur en 1708 (en fait 1727) d’un pamphlet sur les effets du gin sur les femmes. Il aurait été mandaté par des marchands hollandais pour encourager, par ses écrits, la consommation de spiritueux.

En 1709, il écrit « La Vierge Démasquée », puis en 1711 un traité de médecine ; ou il expose ses conceptions de la médecine. C’est à cette époque un spécialiste réputé bien établi à Londres.

1724 : nous arrivons à l’ouvrage que je souhaite vous présenter depuis déjà quelque temps : A modest Defence of Publick Stews”, insolemment dédié à ces Messieurs de Sociétés pour la réforme des Mœurs, qui fut publié sous le pseudonyme de Phil-Porney.

Une traduction française voit immédiatement le jour sous le titre “Vénus la populaire ou apologie des maisons de joie”. Traduit de l’anglais. Paru pour la première fois à Londres en
1727, ce texte est parfois attribué à George Ogle et à Bertrand Mandeville

Le frontispice est de Chauvet


L’éditeur Gay & Doucé, nous dit dans l’avant-propos de sa réimpression de 1881 : « La première édition de La Vénus Populaire parut sous la rubrique de Londres chez A.Moore, en Hollande, en 1727 ; les suivantes ont été publiées en 1751, 1767, 1796 sans date (vers 1800) et enfin à Bruxelles, en 1869.

Ci-dessous le frontispice de l’édition de Gay et Doucé



C’est un texte que je trouve distrayant sur la régulation de la prostitution au 18ème siècle.
Déjà dans “La fable…”, l’auteur affiche une tolérance à l’égard de ces maisons “les courtisanes nous aident à protéger l’honneur de nos femmes et de nos filles”


Quelques phrases relevées dans cet ouvrage :

…En parlant des matrones, page 17 : « Il faudrait donner cet emploi à des femmes qui eussent assez d’expérience et de talents, pour diriger chacune vingt demoiselles ; pour avoir soin qu’elles fussent nettes et propres, et pour recevoir les gens d’une manière civile et obligeante. »

Page 51 : « Un homme qui a de l’expérience par devers lui ; et qui a vu plus d’une femme, sait qu’elles se ressemblent toutes en un point ; et que la violence de l’amour est toujours suivie d’un calme profond. Ainsi quand il se marie, préparé contre les inconvénients de cette nature, il est prêt à pardonner les fautes et les imperfections qui sont inséparables de la condition humaine… »

Page 109 : « C’est une chose sûre que, dans le moment ou j’écris, nous sommes aussi corrompus que nous le pouvons être, et que j’ai enseigné un bon moyen de devenir meilleur… »


Référence : Gay, III, 1314 ; Pia, 1496 (pour l’édition de Bruxelles en 1869).


J’ai retrouvé plusieurs passages en vente aux enchères :

Janvier 2003, vente parisienne : A Londres, Chez A. Moore, 1727 [Bruxelles, Carlier, 1869], broché, Tiré à 234 exemplaires, 1/230 sur Vergé, petit manque au dos) : 180e

Décembre 2007, vente Pierrat erotica, vente parisienne : (Nouvelle édition. Paris, Mercier, s.d [1796]. In-16, demi-maroquin brun à coins, nerfs, non rogné, tête dorée (reliure du XIXe siècle). On trouve ici, relié à la fin, un catalogue des Ouvrages nouveaux qui se trouvent chez le même libraire.) : 450e

Et mon exemplaire : Bruxelles, Imp. E.-J. Carlier, sans date [1869]. Londres, chez A. Moore, à la date de 1727 ; demi-chagrin bordeaux à grain long, nerfs orné de fleurons dorés, exemplaire n°182, un des 230 numéroté sur Hollande. Après 2 sur chine et 2 sur papier jaune.


Les maisons closes, furent fermés en 1946 ; il y en avait environ 1500, dont 180 à Paris.
Cette fermeture fut réclamée par Marthe Richard : une ancienne prostituée, aviatrice, espionne, éditrice,… (La loi qui institua ces fermetures porte son nom)

(1) Paulette Carrive-Bernard Mandeville, Passions, Vices, Vertus http://books.google.fr/books?hl=fr&id=BCCNLw88FXoC&dq=bernard+mandeville&printsec=frontcover&source=web&ots=TclWvUlSZF&sig=S_AZyLbliT8ZiJxNIUNNSdjVbI4&ei=D6eaSfbZGcaC-gbX_YT9CA&sa=X&oi=book_result&resnum=3&ct=result#PPA13,M1

(2) http://expositions.bnf.fr/utopie/cabinets/extra/textes/constit/1/18/2.htm

Bonne journée,
Xavier

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